« Que la danse ce soit ça… pardon ! »
Maguy Marin : L’urgence d’agir,
film de David Mambouch, 2018
Date de sortie en salle : 6 mars 2019
Cette parole de Maguy Marin, dite avec la détermination qu’on lui connaît, laisse place à toute une conception de la danse qui semble avoir été occultée à notre époque qui chérit le spectaculaire et la performance physique. Ce film-documentaire, réalisé par le fils de la chorégraphe, retrace le parcours de l’artiste en même temps qu’il plonge le spectateur dans une autre période de la danse, avec l’avènement des compagnies de danse contemporaine en France dans les années 1980. On y respire l’esprit de troupe et le lien particulier du danseur-interprète au chorégraphe, porteur d’un univers et d’une signature chorégraphique propre.
Maguy Marin est cette chorégraphe qui est passée de grandes institutions à des formes de compagnie plus modestes.
Revisitant des ballets classiques, plongeant dans l’univers de Samuel Beckett, ou empoignant l’actualité, sa recherche chorégraphique évolue au grè de ses questionnements, mais toujours ancrée dans le rythme (initiée par son maître Fernand Schirren rencontré à l’école de Maurice Béjart lors de ses études) et l’écriture des gestes du quotidien.
On se prend à rêver d’une époque où la danse contemporaine revendiquait la présence scénique de « tous les corps », et où elle cherchait à chorégraphier un langage indicible.
La grande quête de Maguy Marin, fille de réfugiés espagnoles, est, selon elle-même, sociale et politique.
Et son indignation sonne comme une remise à l’heure des pendules.
« Des ballets ou des pièces qui ne montrent que des corps jeunes, beaux, performants, je trouve ça d’une violence inouïe, socialement… Que le danse ce soit ça ! Pardon ! Il y a des gens qui ne sont pas là-dedans et ça parle d’humanité à fond ! »
Merci Maguy…