Bagouetude

Bagouetude


2012, année d’hommages nombreux à Dominique Bagouet, commémorant les 20 ans de sa disparition prématurée. L’association « Les Carnets Bagouet », créée peu après la mort du chorégraphe (http://lescarnetsbagouet.org/), avait à cette occasion ouvert un appel à proposition pour célébrer sa mémoire.

En écho à cette initiative, « Bagouetude » a rassemblé les danseurs Jean Rochereau, Anita Mauro et Sarah Nouveau et le comédien Jean Erns Marie-Louise. Sarah Nouveau a proposé à Jean Rochereau, danseur proche de Bagouet, rencontré lors de leur formation commune en culture chorégraphique auprès de Laurence Louppe, de travailler durant l’été 2012 à partir d’une de ses œuvres pour plonger dans l’univers de ce chorégraphe. Le choix de Jean s’est porté sur « Meublé sommairement », pièce de 1989 qu’il n’avait pas lui-même dansée, mais qui l’intéressait notamment par le lien de  l’écriture chorégraphique au texte d’Emmanuel Bove « Aftalion, Alexandre », dit sur scène dans la pièce originale par Nelly Borgeaud.

Etape 1 : Déchiffrage d’après vidéo (Ecole CCN Roubaix)

Le moyen d’accès à l’œuvre était une vidéo de Charles Picq. Pendant une semaine, visionnage et revisionnage ont été la base d’une expérimentation physique de quatre extraits choisis :

1. le voyage d’Alexandre (solo de Dominique Bagouet)
2. l’entrée des secrétaires (entretien d’embauche d’Alexandre)
3. la rencontre d’Alexandre et de Louise (duo de Fabrice Ramalingom et Hélène Cathala)
4. la croissance de Nicolas (solo de Sylvie Giron)

Jean Rochereau a proposé un échauffement adapté pour entrer dans le travail du chorégraphe. Entrer physiquement dans l’œuvre a permis de mesurer l’ampleur du travail d’interprétation chez ce chorégraphe, et en particulier :

-la grande maîtrise technique alliée à une fluidité du buste,
-une précision extrême dans les gestes, ainsi qu’une intention donnée au regard,
-la nécessité de s’approprier l’écriture chorégraphique

Etape 2 : La relation au texte (CCN Roubaix)

Une fois le travail de mémorisation fait, le comédien Jean Erns Marie-Louise a rejoint l’équipe. Après un temps d’échauffement partagé, différentes relations de la chorégraphie au texte, ainsi que des danseurs au comédien, ont été testées. L’expérimentation a permis de percevoir comment la relation de l’écriture de Bagouet au texte de Bove est subtile : loin d’être une illustration, la chorégraphie est une résonance intime et imaginaire qui se déploie entre les lignes. Le lien se tisse non par un calage prédéterminé, mais par une sorte de contamination entre les présences physiques des danseurs et du comédien.

Etape 3 : Répétition et transmission (CNSMD Lyon)

Un mois plus tard, l’équipe s’est retrouvée pour quelques jours de travail avec la danseuse Anita Mauro, ancienne élève du CNSMD, à qui Jean Rochereau avait déjà transmis une autre pièce de Bagouet : « Ribatz Ribatz ». Jean lui a transmis la partition d’Hélène Cathala dans le trio de la dernière partie (la croissance de Nicolas), pour pouvoir interpréter lui-même la partition de Fabrice Ramalingom.

Une approche physique de l’œuvre a permis une compréhension plus grande et plus intime qu’une approche purement théorique.
Elle a fait ressentir un sentiment d’espace immense avant d’atteindre la qualité demandée, mais en même temps à permis de s’immerger dans la complexité et la finesse du travail de Dominique Bagouet, en incitant à se questionner sur les choix d’écriture.
C’est une porte d’accès à l’univers de Bagouet, grandement facilitée par la présence de Jean Rochereau.
L’étape suivante serait la confrontation aux interprètes d’origine…
…C’est le début d’une autre histoire…

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